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Cédric Bouleau
18 novembre 2020

Divers gens

Bal musette te voilà, dans le giron de cette vie trouble où tous les objets n'aspirent qu'à danser à folle allure, comme si la finalité de l'univers, qui est de s'éteindre, n'était que le projet d'un Dieu absent et que le mouvement devait être sa grande fête, son aumône aux forces de l'entropie en attendant que tout s'arrête. Faisons repentance, simplement qu'on y pense, donnons toute notre énergie et que tout s'égaye. On tourne en rond, peut-être, mais rien n'y fait on continue à s'agiter. Parce qu'il y a des choses précieuses qui, bien qu'il n'en restera que des traces, nous encouragent à perdurer, à dédier des autels de tendresse à celles qui nous réveillent de notre apathie larvée. Du reste sans doute fuyons-nous sur place, incapables de rupture avec notre cosmos depuis trop longtemps à l'étude, cet ordre passager qui s'effrite dans l'évitement de ses plus grands projets, et ce lent tourbillon qui se plaît à nous empêcher de méditer, qui nous rend mous mais pleins de désirs. Réveillons-nous, chantons un hymne aux trouvailles de la vie en société, cette société qui s'était refermée pour repenser sa petitesse devant une nature homicide qui a fait de nous des gens masqués. Soit ! Les masques étaient déjà là, simplement ils ont pris d'autres apparences et maintenant on les appelle FFP2. La comédie humaine est un grand champ de recherche, on y trouve le sel de l'existence, à mi-chemin du bonheur et de la panique, comme s'il ne nous restait à déguster que l'indécision dans nos relations. Pourquoi tant de questions ? Mais surtout : pourquoi si peu de réponses ? On a fait de grandes arches de nos préoccupations – voyez la bibliothèque nationale de France – et on a ergoté sans fin sur celles de quidams lointains qui ne connaissaient rien de Facebook et qui n'ont alors même pas imaginé qu'un jour l'on pourrait s'exprimer sans l'aide de copistes au monde entier. Si tant est que celui-ci ait eu vent de notre existence minuscule et numérisée. Nous avons un large accès à l'empire du divertissement, à tel point que nos demeures en sont devenues des marécages grouillant de possibilités pas toutes d'un même intérêt ni même pas toutes d'une même légitimité. On mangera du Marvel, on grignotera jusqu'à l’écœurement du Disney, on s'émerveillera de notre inanité et on repartira chasser les échappées belles. Avec pour dessein de brûler le temps. C'est ainsi qu'on vit le mieux, c'est ainsi que le dénouement accélère son arrivée. Peut-être a-t-on envie d'aimer, grand luxe au creux de notre confort moderne, pour enfin s'exposer, pour se dire, se raconter, s'étaler, sortir du marécage pour ramasser quelque onguent de simple bonheur d'exister. Construire une intimité, s'y lover et l'entretenir pour respirer l'air d'un monde oublié, un monde qui n'a peut-être jamais existé et qu'il faudra vaillamment inventer. Dans ce chaos, des mots émergent qui ont du mal à s'agencer, qui filent en tous sens comme s'ils ne cherchaient qu'à déranger. Finalement, il ne nous reste qu'à nous affaler.

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Cédric Bouleau
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